Rachida Dati: une Justice laboratoire du futur

Publié le par Roquettesyntaxe

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Tout a été dit sur l’innovation que cette nomination représente en terme de représentation des minorités et c’est très bien ainsi. On pourrait aussi insister plus sur le fait que Rachida Dati est différente du politicard type: pas énarque, jamais élue, jeune et même pas militante encartée.

Mais il y a au moins 2 autres façon de voir les choses qui sont bien plus éclairante sur ce que va être la justice des prochaines années.

Une justice bien gardée

La nomination de la porte parole de campagne de Nicolas Sarkozy à la justice peut aussi être interprétée comme une affirmation de la continuité de des rapports entre l’exécutif et la justice propre à la Vème république. A savoir une non séparation notoire des pouvoirs et une justice aux ordres du pouvoir politique. Ce n’est sans doute pas Jacques Chirac qui s’en plaindra, il semble que la priorité de Rachida Dati ne soit pas de faire du ménage dans le système politique avec lequel son président se dit en rupture. De Méhaignerie surnommé « La Limace » au début des années 90 pour sa capacité à freiner les dossier « chaud » à Jacques Toubon qui envoyait des Hélicoptères dans l’Himalaya pour faire revenir des juges aux ordres en passant par l’insipide Pascal Clément, ministre sortant ou Dominique Perben la tradition des gardes des sceaux qui gardaient également les intérêt des hommes en place est déjà longue et bien installée.

Rachida Dati doit tout à Sarkozy et elle a la reconnaissance du ventre. Jamais elle n’a osé la moindre opinion contraire à celle de son mentor. Sa politique devrait donc épouser les chevaux de bataille du président. Les voleurs de mobylette et les dealers de chichon on donc du souci à sa faire contrairement aux délinquants en col blanc, la justice fera son travail, du moins le travail qu'on veut lui donner. Et c’est là qu’il faut admettre la grande habileté politique de Sarkozy. Comment critiquer une justice partiale qui s’attaque en priorité aux fait de délinquance qui concernent les jeunes, pauvres, issu de l’immigration ou des banlieues avec un ministre comme Rachida Dati? La gauche va devoir faire preuve de beaucoup d’imagination pour que cette accusation soit crédible avec une ministre qui s’appelle Rachida et des statistiques biaisées ou inexistantes qui empêchent toute démonstration rationnelle.

Bio express d'un Sarkosy au féminin

A quatorze ans, elle fait du porte-à-porte pour vendre des produits cosmétiques. Puis anime un centre aéré, travaille dans une grande surface. Elle fait ensuite aide-soignante dans une clinique privée. A 21 ans elle est en faculté d'économie à Dijon et c’est là que sa carrière politique commence sous le sceau d’un opportunisme et d’une opiniâtreté dans laquelle Sarkozy à dû se retrouver : L'ambassade d'Algérie donne une réception à Paris. Le ministre Albin Chalandon sera présent et lui accordera un déjeuner. Elle lui demande de lui trouver un stage dans une entreprise. « Je peux vous mettre un pied à l'étrier, mais vous me prouverez que vous pouvez mettre l'autre », lui répond-il. Un Deug d'économie en poche, elle est embauchée comme comptable à la direction financière de Elf en 1987 !! Une promotion qui ne doit sans doute rien à la discrimination positive.

En 1989, elle rencontre Jean-Luc Lagardère à l'occasion de la remise du prix de « la fondation de la vocation », décerné à sa sœur aînée. Alors qu'il quitte la salle, elle demande un rendez-vous à Jean-Luc Lagardère. « Je rêve de travailler pour vous ». Un an plus tard, elle entre comme auditeur en communication chez Matra. Dans le même temps, l'entreprise Lagardère lui finance un MBA. Après un bref passage par la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) à Londres en 1993, elle devient secrétaire générale d'un bureau d'études de la Lyonnaise des Eaux sur le développement urbain, et fait un rapport sur la politique de la ville pour Simone Veil. Elle est également, de 1994 à 1997, conseillère technique à  la direction juridique du ministère de l'Éducation nationale. Ce n’est qu’après tout cela que Mme Dati entrera à l’école de la magistrature : « Pierre de Bousquet, Marceau Long et Simone Veil m'ont conseillé de faire l'Ecole nationale de la magistrature. S'ils m'avaient dit de faire n'importe quoi d'autre, je l'aurais fait, de la même manière, car ils ont toujours été bienveillants avec moi. »  La magistrature n'est donc pas une vocation pour Rachida Dati, c'est un moyen de  gravir des échelons de pouvoir.

A partir de 2002, elle sera conseillère du ministre de l'Intérieur, en charge du projet de loi sur la prévention de la délinquance. Un ligne de son CV qui ne figure pas sur la biographie officielle du site du ministère, sans doute à cause de la très faible popularité de l’ancien ministre de l’intérieur auprès de magistrats et des question délicates que soulèvent le thème de la prévention de la délinquance chez les jeunes chère à Nicolas Sarkozy.

Axes de gouvernance à prévoir

Rachida Dati a d’ors et déjà indiqué dans la continuité des thèmes de la campagne présidentielle,  que la question de la délinquance des mineurs allait être une priorité de son mandat. Dans les mots, l’accent est mis sur la récidive plutôt que sur l’importance de munir le premier acte de façon proportionné. Un thème fondamentale et consensuel de la prévention mais qui avait le défaut majeur d’avoir été porté par Ségolène Royal. Sans doute vaut-il mieux dépister quelques caractères génétiques qui déterminent les délinquants et les traiter comme tel à coups de neuroleptiques et de programmes de redressement par exemple. Parfois, on n’a pas envie que la technique progresse trop vite fournir des outils et des justifications juridiques qui permettraient la mise en œuvre de politiques aussi anti-scientifiques et idéologiques.

L’action du gouvernement en termes de justice devrait bénéficier de hausses substantielles de crédits et donc de marges de manœuvre pour lui donner des moyens à commencer par l’informatisation. Ces crédits devraient aussi permettre des expérimentations sécuritaires qu’il sera très intéressant de suivre car elles révéleront sans doute plus précisément l’exact contenu de l’idéologie portée par Sarkozy. Une idéologie très futuriste dont nous n’avons pas encore les grilles de lecture en France ni même en Europe. J’espère me tromper en disant que je la trouve dangereuse parce qu’à contre courant de l’esprit de nuance et de complexité de la vraie science.

Publié dans MERDE IN FRANCE

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C
Illustration de ce qui devait arriver. Lorsque Rachida Dati défend un projet de loi contesté devans le parlement, Barnard Accoyer, tien ces propos avant même l'entrée en séance: "Il faut que cessent ces attaques inqualifiables, elles ont des relents insupportables faits de jalousie et de xénophobie. Et malheureusement rappellent les pires heures de notre république". Voila ou nous en sommes...critiquer Rachida Dati est maintenant officiellement un acte de Xénophobie...
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