L'histoire de la Saint Valentin: fête de libertinage au Moyen Age

Publié le par Roquettesyntaxe

Saint Valentin fut un martyr chrétien, évèque de la ville de Terni en Ombrie (région du centre de l’Italie) qui a littéralement perdu la tête pour une jeune fille puisqu’il fut décapité le 14 février de l'an 273 pour avoir converti au christianisme la demoiselle et sa famille.

C'est cette légende qui sert aujourd'hui à meubler un calendrier commercial en mal de fêtes en plein mois de février pour célébrer les amoureux, les vrais. Ceux dont la passion naissante brûle encore les petites ailes pendant que des petits angelots balancent des petites flèche et tournant autour (avec l'aide du Mercure qui sert d'emblème à Interflora bien entendu).

Mais commen un gars qui n'est pas censé tomber amoureux d'autre chose que dieu - puisqu'il fut évèque puis Saint - a-t-il pu devenir le symbole des amoureux au sens ou on l'entend aujoud'hui? Petit rétropédalage en arrière pour voir que toute valeur peut avec les temps se retourner comme un crèpe:

Au Moyen Age et jusqu'à la fin du 18eme siècle, la Saint-Valentin était une sorte de carnaval sentimental, si l’on en le sociologue Serge Chaumier* « Quand il était coutumier de se marier en raison des intérêts de la famille, la Saint-Valentin accordait aux épouses, un espace ponctuel de liberté, où les règles pouvaient être transgressées. »

Ainsi, « Dans le nord de la France, la coutume dite du "valentinage" concède aux épouses pour un jour (ou plus) toute familiarité avec un "Valentin" ou "galantin" célibataire choisi par la dame, le tout au vu et au su de leurs maris. Si la coutume sera partout réprimée et largement euphémisée, sous l'effet combiné de l'imposition religieuse et de la morale bourgeoise, jusqu'à la fin du 18e siècle, le valentinage autorise un adultère au moins sentimental.»

Ce type de rite dérogatoire d’une morale séculière très contraignante, duquel l’esprit de carnaval tire sa force de retrouve sous bien d’autres aspects : « Durant tout le mois de mai au 13e siècle (par la suite limitée à la veille et aux premiers jours du mois) une liberté est accordée aux femmes: elles peuvent alors faire l'amour librement avec des amante [D’où peut être l’expression « en mai, fais ce qu’il te plait »].

Dès le 19e siècle  Le 20e siècle a consacré en modèle l'idéal romantique du couple uni par amour, qui demeure autonome, au moins sur le plan affectif et sexuel. Ainsi la Saint-Valentin est-elle réappropriée comme une fête privée, symbole de l'amour romantique, présidant ou marquant la célébration d'un mariage d'amour. De deux coeurs, il convient de n'en faire qu'un seul. Le temps de la fusion amoureuse permet toutes les régressions. Mais la fusion n'a qu'un temps. Car l'amour romantique était un trompe-l'oeil où les femmes disparaissaient. Au rêve du couple uni, elles perdaient identité et existence pour se consacrer au projet de leur cher et tendre, puis de leur progéniture.
Il y avait donc une sorte de mascarade qui ne fonctionne plus ! Même si elles en rêvent encore (puisque tous leurs rêves sont socialement construits depuis la plus tendre enfance dans l'attente du prince charmant), elles l'attendent mais de pied ferme. Plus question de se soumettre à sa loi.
Le processus d'individualisation poussé à son terme commande aux hommes et aux femmes de se réaliser pleinement. Il faut donc inventer un amour qui ne soit plus romantique.
Et alors ... la Saint Valentin, la fête des Amoureux qui se devait d'être la fête du couple idéal, ne "devient plus qu'une journée-alibi au cours de laquelle on va vivre le rêve romantique pour ne pas avoir à le vivre le reste du temps..."

Nous voila bien avancés... vivement le 29 avril, une fête spécialement faite pour le nouveau sexe faible, les hommes, à qui il restera tout de même la journée "steak & pipe"!

 *D’après le sociologue Serge Chaumier, enseignent aux Universités de Dikon et Besançon, spécialiste de l’amour et auteur de "La déliaison amoureuse, de la fusion romantique au désir d'indépendance" paru chez Armand Colin.

Publié dans HISTOIRE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article