7 raisons de la crise alimentaire qui va sévir cette année

Publié le par Facts Only Agency

Nous aurons beau en parler et en reparler, la catastrophe est en route et nous n’avons plus qu’a souhaiter que l’indifférence qui découlera des cirses financières qui sont en route ne soit pas trop grande, que cette crise débouchera sur des réajustements positifs à l’échelle mondiale (Le mot catastrophe veut en effet dire « changement du discours » d’après sa racine grecque). La crise alimentaire à laquelle nous assistons n’a pas une ni même 2 causes elle est systémique et c’est donc tout un système qu’il faudra trouver avec un nouvel équilibre. Cela passe d’abord par une compréhension de facteurs multiplies de cette crise qu’on peut comparer à celle qu’a connu l’occident médiéval au cours du XIVème siècle(1) en plus bref et en plus violent. En version mondiale en quelque sorte.

Voici 7 facteurs majeurs qui ont amené à la crise actuelle qui rappelons-le menace directement la survie d’une centaine de millions de personnes.


Heureursmenet il y a nanard.

- La démographie mondiale :

La population mondiale a doublé durant les cinq dernières décennies. Si le taux d’accroissement actuel de 1,3% par année persiste, la population doublera encore en seulement 50 ans. En revanche, l’augmentation de la production de nourriture par hectare de terre ne suit plus l’explosion démographique et la superficie cultivée n’augmentera que de 2% d’ici 2050. L’explosion démographique mondiale s’était faite ces dernières années sans que taux de personnes souffrant de la famine augmente. C’est un succès que l’on n’a pas assez rappelé mais la présente crise a déjà annulé tous les progrès réalisés ces 10 dernières années.

Pourtant les marges de manœuvres existent sur le plan purement quantitatif. Il y a aujourd’hui sur terre 1 milliards de paysans qui utilisent 28 millions de tracteurs.

 

- L’amélioration et l’évolution des habitudes de consommation de viande :

C’est paradoxal, mais comme toute crise, celle-ci suit une période de relative amélioration de l’alimentation de par le monde. Les habitudes alimentaires des nouvelles classes moyennes de pays émergeants s’orientent de plus en plus vers la consommation de viande comme c’est déjà le cas dans les pays riches. De ce fait, une part déjà énorme et sans casse croissante de la production de céréales qui est utilisé pour la nourriture des animaux.

Le retour de balancier pourrait bien venir corriger ces excès puisque selon le ministre allemand de l’agriculture, les prix des matières fourragères vont augmenter d’environ 600 %, en raison d’une pénurie de ces aliments pour animaux. Ce qui ne manquera pas de créer des tensions chez les éleveurs et dans toute la filière carnée et d’encourager les mouvements qui prônent la diminution voir la disparition de la consommation de viande.

Ce serait dans la logique des choses puisqu’il faut cinq fois plus d’hectares pour produire e une calorie de viande qu’une calorie de céréales. 80 % des terres cultivées aux USA servent à nourrir du bétail. A l’échelle mondiale, ce pourcentage reste a hauteur de 68 %.


-          La hausse des matières premières alimentaires à cause de la spéculation :

Les exemples sont multiples de produits alimentaires de base dont les hausses sur quelques mois sont supérieures à  50%. Voici simplement un exemple donné par Le Monde :

Le prix du riz a bondi de 31 % en une journée, jeudi 27 mars, passant de 580 à 760 dollars, les stocks étant tombés au plus bas depuis 1976. l’Inde, l’Égypte, le Vietnam et le Cambodge ont annoncé qu’ils suspendaient leurs exportations de riz (nb: afin d’être en mesure d’assurer l’approvisionnement intérieur) au moment où les Philippines en cherchaient désespérément 500 000 tonnes sur le marché. Les spéculateurs ont sauté sur l’occasion, comme ils ne cessent de le faire pour le blé, l’or, le pétrole ou les carcasses de porc dont les cours fluctuent de plus en plus brutalement.”

A l’augmentation du prix des ces matières premières alimentaire, il faut ajouter celle du pétrole qui augmente le coût des transports dans une agriculture mondialisée ou les denrées parcourent souvent des milliers de kilomètres. Cette hausse agit aussi sur le prix des différents produits fertilisants qui sont massivement importés par les pays producteurs.


Le manque d’anticipation de cette hausse pourtant largement anticipable :

Depuis 1999 déjà, la consommation de blé est supérieure à la production si l’on excepte les années exceptionnelles comme 2004. Les énormes stocks accumulés lors de périodes de surproduction ont donc fondu et ce sont autant de marges de manœuvre dont ne disposent plus les états pour réguler les prix de compenser les effets de la spéculation qui dans ce domaine plus qu’ailleurs a des effets catastrophiques. La hausse des matières premières agricole était anticipable, la preuve en est que les spéculateurs s’en sont rendus compte, mais cette hausse est tendancielle depuis de longues années déjà et on ne doit pas tout imputer aux spéculateurs qui ne sont en l’occurrence qu’un symptôme doublé d’une circonstance aggravante.

De même les problèmes liés à la hausse des prix du pétrole auraient pu être anticipé.


Des productions vivrières qui ont été laminées par les subventions à l’exportation des pays riches.

L’Union Européenne consacre environ 40% de son budget à sa Politique agricole commune (PAC), soit environ 50 milliards d’euros, dont une partie est distribuée aux agriculteurs européens sous forme de subventions. De l’autre côté de l’Atlantique, les Etats-Unis consacrent environ 90 milliards d’euros au soutien de leur secteur agricole. UE et Etats-Unis pratiquent également des droits de douane très élevés, afin de décourager les importations sur leurs marchés respectifs. L’Union Européenne impose par exemple des taxes qui peuvent s’élever jusqu’à 430% sur certains produits agroalimentaires.

Par ailleurs, les plans d’ajustement structurels du FMI (où à d’ailleurs travaillé Jean Ziegler) imposent toujours des plantations d’exportation qui doivent servir à produire des devises et permettre aux pays du Sud de payer les intérêts de la dette aux banques du Nord. Ainsi la Côte d’Ivoire à connu des émeutes alors avec 40% de la production totale, elle est le premier producteur mondial de cacao, elle se place troisième pour la café et est dans le peloton de tête pour des produits tels que la banane et l’ananas.

L’interdépendance croissante entretenue par les logiques économiques dominantes reposait sur des transports bon marché ce qui sera de moins en moins le cas.

 

La montée en puissance des biocarburants :

Jean Ziegler, sociologue Suisse rapporteur spécial à l’ONU pour le droit à l’alimentation a qualifié les politiques qui poussent à la culture de biocarburants de « crime contre l’humanité ». Il a admis avoir un peu poussé le bouchon un peu loin sur les termes mais les biocarburants apparaissent désormais comme alternative simpliste à la crise des hydrocarbures. Toutes les surfaces agricoles qui sont employées pour faire du biocarburant sont perdues pour les productions alimentaires. Ce raisonnement ne fonctionne toutefois pas dans tous les cas de figure, dans de nombreux pays touchés par la crise, ce sont les monocultures d’exportation qui prennent des terres aux cultures vivrières et non les biocarburants.

Par ailleurs, les conséquence ne sont pas les mêmes s’agissant du mais américain qui est directement retiré des circuits alimentaire et la canne à sucre brésilienne dont l’exploitation de longue date pour faire du carburant ne provoquer plus de déséquilibre alimentaires majeurs dans un pays en plein essor même si cela pose de graves questions environnementales.

A noter que l’Agence européenne pour l’environnement a récemment demandé l’abandon pure et simple des objectifs adoptés récemment par l’UE en matière de biocarburants.



Les changements climatiques :

Les dérèglements climatiques (le nombre de catastrophes naturelles étant passé d’une moyenne de 200 à 400 par an au cours des deux dernières décennies, d’après Sir John Holmes, sous secrétaire aux affaires humanitaires de l’ONU et Coordonnateur des secours d’urgence à Dubaï le 9 Avril). La récolte de blé en 2007 fut catastrophique (en particulier en Australie) en raison de ces problèmes climatiques. En France, la succession d’étés pourris que nous avons connu rentre aussi sans doute dans cette catégorie même si nous manquons encore de recul pour qualifier scientifiquement le phénomène.

 

La France a un rôle important à jouer :

Une fois n’est pas coutume, la France à un rôle à jouer dans cette crise majeure car il s’agit bien d’un gros poids lourd au niveau mondial. 

La France est à la fois le troisième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires et le premier producteur de la Communauté Européenne (le 2ème au monde derrière les USA). A elle seule, la France représente, grâce à sa production de céréales (blé, maïs), de sucre, de vin, de produits laitiers, de fruits et légumes, de bétail et produits carnés, près d’un quart de la production européenne totale. L’industrie agroalimentaire française représente 10 000 entreprises dont 90% de PME et constitue le premier secteur industriel en chiffre d’affaire (145 milliards d’euros en 2006) et le deuxième en termes d’emplois (420 000)

(1) : au XIIIème siècle il y avait moins de forêts en Europe occidentale qu’actuellement, la surpopulation par rapport au technique de production disponible à entraîné un diminution significative de la population et de profondes mutations jusqu’à la renaissance. La peste noir est un symptôme de cette crise qui a duré plus d’un siècle et a sonné le glas de ce que nous appelons le moyen-âge.


Sources : http://www.intelligence-economique.gouv.fr / Agriculture et Environnement / actualité environnement / http://letemps.ch / RFI / JDD / cafecroissant.fr / Le Monde

....et plus d’infos en anglais ici

Voir aussi "63 milliards pour les banques anglaises, pas un pour les crève la faim"


Enfin, voici une petite vidéo chopée dans l'émission de Taddeï qui est assez éclairante, on y retrouve notamment Jacques Attali et Jean Ziegler:



Publié dans ACTU GLOBALE

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